En octobre 1874, Louis Riel est en exil à Keeseville, village à forte densité francophone près de Plattsburg, NY. Tout juste réélu comme député de Provencher, au Manitoba, il vient d’être expulsé de la chambre des Communes et est recherché par la police ontarienne pour son rôle dans les événements entourant la rébellion de la rivière Rouge.

Dans une lettre à un ami de Montréal, probablement le médecin Emmanuel-Persillier Lachapelle avec lequel il a fréquenté le Collège de Montréal, Riel témoigne de son emploi du temps et de son état d’esprit :

« Il y aura bientôt trois semaines que je suis parti de Montréal. Depuis lors, j’ai voyagé, j’ai visité des Canadiens de plusieurs états. Cela fera du bien, j’espère. Si jamais une transmigration des Canadiens français avait lieu des États-Unis dans le Manitoba, peut-être y serais-je pour quelque chose. […] Je suis hors la loi, mais cela ne me fait pas de peine. Je m’en réjouis plutôt. Puisque Dieu le veut ainsi, je crois que rien ne saurait mieux me servir. Mes ennemis se trompent, s’ils pensent me tuer en me mettant dans un pareil état vis-à-vis de la société. »

Cette lettre originale datée du 26 octobre 1874 est conservée dans la série Correspondance du fonds de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal (P1:21.3-37).